Environnement

Publié le par Céline Martin

La plus grande catastrophe écologique

menace nos côtes européennes

 

poisonLes mers qui entourent l’Europe doivent affronter une nouvelle source de pollution. Des milliers de tonnes d’armes chimiques y rouillent et risquent de fuir. Des études réalisées sur la mer Baltique cherchent à déterminer les éventuelles conséquences.

 

Nul ne sait précisément quelle quantité d’armes chimiques dissimulent les vagues autour de l’Europe. La mer Baltique, par exemple, où les Alliés ont jeté par-dessus bord les munitions de la Seconde Guerre mondiale provenant des arsenaux allemands : au moins 40 000 tonnes, dont certainement 13 000 tonnes de substances toxiques. Un sixième de cette quantité suffirait à éradiquer toute vie dans la mer Baltique pendant une centaine d’années.

 

L’idée n’est guère rassurante, quand on sait que du gaz moutarde, de la chloropicrine, du phosgène, du diphosgène et des substances à base d’arsenic sont contenus dans des douilles et des tonneaux qui tôt ou tard seront totalement rongés par la rouille. Impossible de savoir quand cela va se produire, mais cela va se produire.

 

Certains scientifiques affirment qu’entre 2020 et 2060, la corrosion sera si avancée que le poison s’échappera. Or 16 % de ces substances toxiques suffiraient pour exterminer toute vie dans la mer Baltique.

 

L’Institut océanologique de Sopot, en Pologne est le coordinateur de Chemsea (chemical munitions search & assessment project), un projet de recherche international lancé à l’aide de fonds européens.

 

Le sujet est tabou au niveau des gouvernements européens plus occupés à juguler la crise de la zone euro qui n’en finit pas de rebondir comme le montre la situation de chypre et les menaces de plus en plus lourdes qui pèsent sur l’économie italienne.

 

Les plus optimistes estiment que si d’un côté, le poison s’échappe, d’un autre côté il est moins toxique quand il entre en contact avec l’eau ! Pour d’autres experts les armes chimiques, qui sont dispersées sur un gigantesque territoire, sont confrontées à des conditions très différentes. Il y a même certains endroits où elles n’entrent pas en contact avec l’oxygène et par conséquent ne rouillent pas.


Les conditions de propagation du poison sont effectivement très différentes dans la mer du Nord et dans la mer Baltique. La mer du Nord est beaucoup plus salée et connaît des courants bien plus puissants que la mer Baltique. Il reste que récemment  un pêcheur a retrouvé une grenade de 150 mm parmi ses cabillauds !

 

Et comment réagir face à un amas de gaz moutarde découvert dans des harengs ? En fait, le gaz moutarde s’échappe non pas sous forme de gaz, mais de masse poisseuse qui peut dériver pendant des années dans l’eau de mer.

 

Il faut savoir que dès les années 1950, peu de temps après le déversement des munitions dans la mer, les premiers cas de brûlures provoquées par du gaz moutarde se sont manifestés chez des baigneurs en Allemagne de l’Est et en Pologne. En Pologne, 24 accidents graves sont survenus, le dernier en 1997, quand des pêcheurs ont remonté une grosse masse de gaz moutarde dans leurs filets.

 

64 décharges d’armes au large des côtes françaises

 

Pendant que des armes chimiques sont en train de rouiller dans 31 endroits de la mer du Nord et de l’océan Atlantique avoisinant. En outre, on connaît parallèlement 120 lieux d’immersion d’armes conventionnelles contenant des métaux lourds et autres substances dangereuses, dont 64 au large des côtes… françaises.

 

Dans la baie allemande, non loin des îles des Wadden, plus de 1,5 million de tonnes de munitions ont été déversées, dont 90 tonnes d’armes chimiques.

 

Dans le Skagerrak, le détroit entre le Danemark et la Norvège, les Alliés ont fait couler au moins 45 navires remplis d’armes chimiques.

 

Entre l’Irlande et l’Ecosse, dans la fosse de Beaufort (Beaufort's Dyke), un million de tonnes de munitions ont été mises au rebut, dont des armes chimiques.

 

Dans la mer Baltique, on connaît deux grands dépotoirs de déchets toxiques : la zone proche de l’île de Bornholm et le bassin de Gotland, entre l’île suédoise de Gotland et les Etats baltes.

Dans la mer Méditerranée, la plus forte concentration se situe près de la ville italienne de Bari. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déchets chimiques, notamment le gaz moutarde, ont provoqué 232 accidents.

 

Il reste que l’une des plus grandes décharges d’armes chimiques dans la mer du Nord se situe au large des côtes belges, non loin de la frontière avec les Pays-Bas. Après la Première Guerre mondiale, les champs de bataille en Belgique ont été nettoyés et les pouvoirs publics belges ont alors décidé à la fin de 1919 de déverser le tout dans la mer. Pendant six mois, une cargaison de munitions disparaissait chaque jour au large de la côte de Knokke Heist.

 

Mais de tout ceci la population n’entend jamais parler !

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